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échange de cette protection, ils payaient chaque année un impôt modéré, et, en certains cas, ils fournissaient un contingent à l’armée du seigneur[1].

Le régime féodal créa aussi d’autres communautés qui se trouvèrent d’abord placées dans des conditions fort différentes de celles qui régnaient dans les anciens villages. Depuis l’arrivée des Franks jusqu’au Xe siècle, les seigneurs, voulant défricher les territoires incultes de leurs fiefs, y attirèrent des colons en leur offrant certains avantages. Ils concédèrent habituellement aux nouveaux venus la moitié du territoire avec une habitation et diverses dépendances. Les colons disposaient d’une moitié de leur temps pour leur exploitation personnelle, et ils étaient tenus d’employer l’autre moitié à la culture du sol que le seigneur s’était réservé. Ils jouissaient d’ailleurs, dans des conditions fixées par les usages locaux, des bois, des marais et des pâtures qui restaient en dehors de la région défrichée[2]. Peu

  1. Ces communautés jouissaient d’une indépendance qui a été détruite depuis deux siècles par la corruption des mœurs sous l’influence des cours, par les empiétements de la monarchie en décadence et par les violences de la révolution. Voir les travaux de M. l’abbé Defourny sur la Champagne, de M. l’abbé Hanauer sur l’Alsace, de M. de Maurer sur l’Allemagne occidentale. Ces travaux (cités dans l’Organisation du travail, p. 70 à 82) se rapportent à la région des villages à banlieue morcelée (§ 6), comprise entre les bassins de la Seine et du Rhin.
  2. Des communautés analogues formaient encore la base du régime agricole des provinces orientales de la Russie, aux trois