Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/495

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le bien-être, la stabilité et l’harmonie, pourvu qu’il s’applique à imiter ces modèles. Malgré les obstacles suscités par des mœurs et des institutions vicieuses, tristes legs du passé, il pourra ainsi, à force d’intelligence et de dévouement, travailler à la prospérité du pays, tout en se créant une légitime influence. Cette partie de la réforme pourrait s’accomplir immédiatement, sans aucun recours à la loi ou aux gouvernants. Elle serait déjà avancée si les gens de bien, dont le zèle mal dirigé reste improductif, donnaient leur concours aux œuvres qui propagent la réforme en signalant les bons modèles (P).

Malheureusement, dans la situation faite à la France par deux siècles d’abus et de révolutions, ces initiatives individuelles n’ont point donné jusqu’à présent de grands résultats. Les écrivains, qui forment l’opinion publique, ne connaissent guère ce côté de la réforme. Ils visent, en général, à donner de nouvelles attributions aux autorités centrales, pour les mettre à même de créer de toutes pièces un meilleur ordre de choses. Mais en restant ainsi dans l’ornière du passé, on n’obtient d’autre résultat que de perpétuer l’ère des révolutions ; car on multiplie les abus sous les régimes de contrainte, et on augmente la discorde sous les régimes de liberté.