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dès 1830, une révolution éclata avec les caractères les plus sinistres ; et, pendant plusieurs années encore, le sang coula plus d’une fois dans les rues.

À cette triste époque, la population parisienne fut saisie d’une sorte de vertige. Elle accueillait les systèmes sociaux des inventeurs de toute sorte avec une déférence qui jusqu’alors n’avait été accordée qu’aux résultats de l’expérience et de la tradition. Plusieurs de mes condisciples éminents, dont l’esprit avait été façonné par les axiomes des sciences exactes et par l’enseignement des faits méthodiquement observés, employèrent même leurs talents, dans un moment d’aberration, à propager les idées préconçues les plus étranges. Après des discussions sans fin engagées avec mes amis, je reconnus que j’étais également incapable, soit de les convaincre d’erreur, soit de leur enseigner la vérité. Je compris alors le devoir imposé à notre patriotisme par cet état d’impuissance. L’indifférence pour la vérité eût été impardonnable dans un temps où l’erreur déchaînait tant de maux sur notre race. Je pris donc la résolution de chercher le remède à ces maux, en même temps que je ferais l’apprentissage de mon métier. Je ne savais pas encore où je trouverais ce remède ; mais, après avoir constaté en cette matière la stérilité des idées préconçues, j’étais déjà fixé sur un point