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dès qu’une légère augmentation survenait dans le nombre des voyageurs. Ceux qui, partant des centres importants d’activité, voulaient pénétrer dans quelque région habitée par une race primitive, avaient à surmonter une foule d’obstacles dont la difficulté s’accroissait en raison de la distance déjà franchie. Cette difficulté ne pouvait être écartée en multipliant les chevaux employés au service des voies de transport ; car ce moyen eût été en contradiction formelle avec le but principal, qui est la multiplication des hommes. Presque partout, en effet, la surface de terrain nécessaire à la nourriture et à l’entretien d’un cheval de grande vitesse est supérieure à celle qui suffit aux besoins d’un fort ouvrier.

Parmi les obstacles que me firent affronter, au début de mes voyages, l’ardeur de la jeunesse et l’amour de la science, je me rappelle souvent, non sans quelque émotion, les transbordements successifs sur des voitures qui, non loin de Paris, mon point de départ, devenaient chaque jour moins rapides et plus incommodes, puis le recours obligé à des véhicules qui constituaient des instruments de torture. Quand j’avais atteint les régions où, faute de routes et de plateaux herbus, l’emploi des voitures devenait impossible, je me trouvais en présence d’une autre série d’inconvénients : le passage subit de l’emploi des voi-