Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/87

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tout pour objet les habitudes simples et frugales du foyer domestique, las anciennes règles de médecine et d’hygiène, rattachement aux vieilles méthodes de travail et d’apprentissage, les croyances naïves ou superstitieuses liées à certaines pratiques de religion, l’usage plus ou moins exclusif des patois locaux, la conservation du costume caractéristique de la race, et, en général, les sentiments de prédilection pour les coutumes léguées par les ancêtres. Pendant les vingt premières années de mes voyages, j’ai trouvé ces coutumes en vigueur dans la plupart des contrées où les routes empierrées restaient inconnues. Depuis lors, je les ai vu disparaître à mesure que les voies ferrées s’établissaient. Souvent l’œuvre de destruction était immédiate dans la zone qui fournissait des ouvriers aux entrepreneurs des travaux ; toujours elle se propageait, autour de cette zone, avec l’aide du temps.

Les causes de la transformation extraordinaire que les voies ferrées accomplissent maintenant dans le monde social, est mise en lumière par des faits évidents. Sous l’ancien régime des transports, les grands déplacements d’hommes opérés en dehors des entreprises de guerre ne pouvaient avoir lieu au delà de courtes distances. Même sur les routes pourvues des meilleures voitures à chevaux, la circulation était arrêtée