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la condition créée par les ancêtres. Chaque année, elle accumule, par une sévère épargne, les produits qui ne sont pas indispensables à sa subsistance ; et elle les répartit, à titre de dot, entre tous les rejetons qui désirent fonder, hors du domaine, de nouvelles familles. La coutume maintient l’union indissoluble de la famille et du domaine. À cet effet, après la mort des parents, elle confère la propriété à l’héritier que ceux-ci ont institué, en fait, en le mariant au foyer domestique. Quant à l’héritier et à sa femme, ils instituent à leur tour un nouvel héritier, dès que les enfants arrivent à l’âge adulte. Enfin, ce dernier ménage se conforme à son tour aux deux règles de la coutume : il pourvoit par le travail et l’épargne aux dots des rejetons ; il transmet intégralement le domaine aux descendants.

Sous le régime de la propriété patronale, le sol et les eaux appartiennent à un propriétaire, nommé habituellement « père » ou « patron ». Celui-ci réside en permanence sur son domaine, afin de pourvoir aux obligations que lui imposent les traditions de la famille-souche, et les coutumes sociales inhérentes à la possession d’une grande propriété. Il exploite directement, avec le concours de sa famille et de ses domestiques, la partie du territoire contiguë à son foyer. Le surplus est subdivisé en domaines de consistance invariable. Chacun de ceux-ci est exploité par