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plus vieilles coutumes des demi-nomades, les tentes sont dressées sur des chariots, le travail de transport devient moins pénible pour le pasteur nomade que pour l’agriculteur sédentaire. Dans ces conditions, la famille stable se développe, avec toute sa fécondité, sous la forme patriarcale ; car elle peut accumuler sans gêne les essaims qui en doivent sortir à de longs intervalles.

Pendant dix-huit années, j’ai été lié, par des intérêts permanents et par une correspondance journalière, avec les contrées de l’Orient placées sous l’influence de la vie patriarcale, et je les ai personnellement visitées à trois reprises, en 1837, en 1844 et en 1853. C’est là que, dès le premier de ces voyages, j’ai vu apparaître avec évidence, dans leur pureté et leur simplicité, les principes et les coutumes de la Constitution essentielle. Dans chaque groupe familial, le père, héritier de la tradition des aïeux et appuyé sur le Décalogue, exerce le gouvernement domestique avec l’autorité irrésistible que lui confèrent la loi naturelle et la triple fonction de propriétaire, de pontife et de roi. Il partage son pouvoir avec sa femme et ses fils mariés. L’autorité paternelle a donc ses caractères les plus féconds, et réalise l’alliance intime du Décalogue, de la religion et de la souveraineté. Dans cette organisation de la société, le troupeau assure à chaque ménage les moyens de subsistance,