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et constitue, avec le pâturage, la propriété foncière. Celle-ci, selon les lieux, est exploitée sous le régime communal, familial ou patronal. Chez les meilleurs modèles, les principes de la Constitution ne sont masqués par aucune complication : ils suffisent pour perpétuer, chez les races qui les pratiquent, le bonheur fondé sur la paix.

Cependant, la vie pastorale ne doit point être présentée comme un état de perfection au-dessus duquel l’humanité ne saurait s’élever. La réunion des meilleurs éléments de cette organisation n’implique pas l’avènement d’un régime de paix où chacun serait satisfait du sort qui lui est départi. À la fin du chapitre précédent, j’ai signalé une forme de société où l’imagination peut entrevoir, à quelques égards, l’idéal du bonheur : c’est celle où les familles soumises à Dieu, éparses sur de fertiles pâturages, vivent dans un état d’égalité et d’indépendance, en confiant aux plus dignes le soin de pourvoir aux malheurs imprévus qui frappent accidentellement les localités. Les races placées dans cette heureuse condition font l’admiration des voyageurs ; mais une foule de causes tendent incessamment à troubler le bonheur dont elles jouissent. Dès que le bien-être s’affermit, les familles se multiplient ; et, en s’agglomérant, elles se gênent ou se corrompent. Les pouvoirs locaux, établis par la coutume en vue du bien public, oppriment ceux qu’ils de-