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titution essentielle s’est perpétuée, chez quelques milliers d’hommes simples, sous la protection d’une forteresse créée par la nature ; il signale en outre l’action bienfaisante d’un climat sévère, et surtout celle des forces morales attachées au tombeau du fondateur, qui fut à la fois un modèle de sainteté et de sagesse.

Les petites communes rurales et pastorales du pays d’Andorre constituent aussi un État indépendant enclavé dans la chaîne des Pyrénées. Elles se trouvent devant l’Espagne et la France dans la situation où les « Dvoédantzi » de l’Altaï sont placés devant la Russie et la Chine. La république pyrénéenne ne peut former elle-même le personnel nécessaire aux services de la religion et de la souveraineté : elle confie donc l’institution de ce personnel aux deux États protecteurs. Ceux-ci, d’ailleurs, par un contrôle mutuel, garantissent en fait l’indépendance de leur protégée. D’après une longue expérience, ces pouvoirs étrangers sont, moins que des pouvoirs indigènes, entraînés à l’abus, et, si le mal survient, la guérison est plus facile.

Les trois petites provinces du pays basque relèvent de la couronne d’Espagne. La population, composée surtout de propriétaires ruraux, est complétée par des pêcheurs entiers, des manufacturiers et des commerçants. Une noblesse rurale, attachée à ses résidences, est intimement