Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur juste valeur les sentiments qui inspirent l’esprit du patronage : il accepte pour chefs naturels les hommes qui en sont animés ; il se groupe autour d’eux quand surviennent les catastrophes infligées à la nation par les révolutions de la nature ou par la malignité des hommes ; c’est surtout au drapeau tenu par ses patrons qu’il se réunit tout d’abord quand le territoire de la patrie est envahi par l’étranger. Les patrons, de leur côté, savent que cette confiance du peuple est une des forces vives de la race : ils y voient la plus haute récompense de leurs rudes travaux ; et ils se préoccupent de former des héritiers capables d’en transmettre la possession à leurs familles. Toutefois, ils comprennent que l’ascendant moral du patronage n’est durable, aux époques critiques, que s’il peut s’appuyer sur deux autorités plus hautes : celle du souverain et celle de Dieu. Ils témoignent en toute occasion, devant le peuple, le respect qui est dû aux représentants des deux grands pouvoirs. Les clercs se renferment, en principe, dans les fonctions spéciales de leur ministère ; ils rendent à leurs concitoyens tous les services compatibles avec ce ministère, mais ils restent toujours les serviteurs de la nation entière, et ils se gardent de prendre parti au milieu des intérêts temporels qui excitent, parmi leurs ouailles, l’émulation, la concurrence et la discorde. Ils n’ou-