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blient pas que la paix, dans le monde des âmes, est une œuvre essentielle pour leur activité. Les gouvernants, comme les clercs, ont pour mobile suprême de leurs actions l’esprit de paternité. Imbu de ce sentiment, le souverain est, pour ses sujets, dans l’organisation compliquée des nations, ce qu’est le patriarche pour ses enfants dans la vie pastorale : il s’en inspire, soit pour donner personnellement l’exemple de la vertu et de la paix, soit pour choisir les ministres qui organisent les services chargés de réprimer la corruption et la discorde. Au surplus, sans rechercher comment est remplie la fonction des patrons, des clercs et des gouvernants, on reconnaît, à un trait unique et fort apparent, l’existence d’une nation stable : partout, le peuple vit en paix, sans recourir à l’assistance d’un homme armé !

Les races ébranlées ont toujours été plus nombreuses que les races stables. Dans l’ère moderne, comme aux époques antérieures, l’ébranlement est venu du vice, complété et servi par la violence. Chez les petites races simples de notre temps, il a encore pour agents les familles qui abusent de leur force, après l’avoir conquise par la vertu ; chez les nations compliquées, il provient surtout des deux corps publics préposés au service de la paix, mais devenus infidèles à leur mission. Depuis la Renaissance, l’humanité,