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la révocation imméritée des édits de paix et de grâce, c’est la persécution cruelle et l’expulsion violente des protestants.

La fin de ce long règne, survenue en 1715, n’arrête pas le mouvement qui, depuis un demi-siècle, entraînait la nation dans les voies de la souffrance. Loin de là, ce mouvement s’accélère, parce que les trois classes chargées de procurer au peuple les bienfaits de la Constitution essentielle en ont elles-mêmes perdu la notion. Sous la régence, puis sous le règne de Louis XV, la cour, plus encore que dans le passé, exerce une action délétère sur les idées, les mœurs et les institutions. L’infortuné Louis XVI reçoit, il est vrai, une éducation morale qui résiste à tout contact vicieux et qui ne peut faire obstacle à la réforme désirée par la nation. Malheureusement le jeune roi n’a ni l’expérience ni l’ascendant personnel nécessaires pour réagir contre la corruption de sa propre cour. D’ailleurs, comme je vais l’indiquer, une fausse doctrine de réforme s’était élaborée, vers le milieu du XVIIIe siècle, parmi les lettrés, qui, à défaut des autorités traditionnelles, avaient entrepris de rétablir la prospérité. La nouvelle école avait inculqué ses erreurs aux salons parisiens et, par eux, aux étrangers qu’ils attiraient de toutes parts. L’opinion égarée désignait à l’avance les futurs conseillers de l’héritier du trône. Dès son avènement (1774),