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milles qui, sous le règne précédent, avaient été renommées par la délicatesse de leurs habitudes, tombent dans un étal de dégradation dont la famille royale elle-même ne peut se préserver. Le roi, corrupteur de la vie privée, exerce une influence non moins funeste sur la vie publique : il supprime le reste des garanties que les patrons, préposés au gouvernement local, donnaient autrefois au peuple contre les abus de pouvoir du souverain et de ses agents ; à cet égard, il achève l’œuvre de destruction commencée depuis longtemps contre les coutumes nationales par les légistes formés à l’école de la corruption romaine ; il entreprend au dehors des guerres injustes et dévastatrices ; il soulève ainsi l’indignation de l’Europe, et il inflige des souffrances inouïes au royaume, déjà épuisé par le luxe de la cour. Chacune de ces calamités s’efface presque devant celle dont les conséquences ont été jusqu’à ce jour le moins réparées. Le crime personnel du roi est celui qui a le plus affaibli le prestige légitime conquis à la monarchie par ses deux illustres fondateurs, celui qui n’a pour excuse ni les entraînements du peuple, ni la soumission trop souvent accordée, en d’autres cas, par les familles dirigeantes, les évêques, les ministres et les courtisans, celui, enfin, qui reproduit en France l’attentat par lequel Philippe II commença la décadence de l’Espagne, ce crime, dis-je, est