Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manité, soit par la méfiance entretenue à l’égard des nouveautés de l’Occident.

En ce moment, il est vrai, les Chinois adoptent des habitudes qui semblent être l’abandon de leurs traditions séculaires ; ils ne craignent plus de visiter les étrangers, et de fréquenter nos écoles et nos ateliers pour être initiés à la connaissance des sciences et des arts de l’Europe. J’ai donc le devoir d’indiquer mon opinion sur la cause et les conséquences probables de ce changement extraordinaire.

L’agression anglaise de 1839-1842, qui eut pour motif le commerce de l’opium, puis les deux agressions anglo-françaises de 1857-1858 et de 1860, démontrèrent aux Chinois que désormais ils ne pouvaient défendre leur indépendance avec les flèches, les fusils à mèches et les coulevrines. C’est donc une nécessité impérieuse qui les a contraints de venir en Europe étudier, dans leur complication infinie, les sciences et les arts indispensables à la fabrication, à l’entretien et au service du matériel de la défense et du nouveau régime manufacturier. Quant aux conséquences de cette nouveauté, elles sont subordonnées à deux questions qu’un avenir prochain résoudra. Les Chinois accepteront-ils sans résistance l’invasion des voies ferrées qui ont déjà ébranlé tant de races simples et patriarcales ? Dans ce cas, ils compromettront