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maritimes qui s’étendent des bouches de la Vistule à celles du Danube, ne peuvent plus, en fait, étendre leur autonomie par l’émigration en dehors de leur territoire. Les avantages que ces Européens tiraient autrefois de leur force d’expansion sont désormais acquis aux empires qui dominent déjà le reste du monde. Ceux-ci grandissent à la fois par les ressources de leurs territoires et par celles que leur apportent les émigrants étrangers. Quelle qu’ait été, jusqu’à l’âge de la houille et de la vapeur, la prépondérance des nations européennes, celles-ci, sans en excepter les plus puissantes, sont donc, en fait, réduites à la condition des petits États. Cette situation est encore masquée par la routine et l’orgueil : elle se manifeste chaque jour aux esprits clairvoyants avec une évidence irrésistible.

À mesure que ces faits m’apparaissent plus nettement, je m’affermis avec mes amis dans la pensée que cette transformation du monde social démontre la nécessité d’une création nouvelle : « l’Union européenne des petits États. » Cette alliance a pour but, non d’organiser des moyens d’attaque au profit des petits États, mais de leur assurer les bienfaits de la paix intérieure dans toute l’étendue de l’Union. En poursuivant cette œuvre, il faut se garder de prendre pour point de départ les unions partielles que certains