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animés, l’homme est sorti d’un premier germe de vie, et il se modifie sans cesse conformément à cette loi.

Par l’ampleur même du champ qu’il embrasse, l’évolutionnisme ne répond guère aux questions que l’homme s’est adressées de tout temps sur sa destinée ; mais il se recommande à certains esprits, en leur offrant cette décevante perspective que l’humanité a une marche assurée vers la perfection et le bonheur. Pour justifier l’affirmation de cet avenir, les professeurs de la doctrine ont généralement recours au même procédé ; ils décrivent, avec des détails attrayants, les améliorations extraordinaires qui s’accomplissent sous nos yeux dans le régime du travail et le service du pain quotidien. Ils ne se montrent pas indifférents aux améliorations que comporte la pratique de la loi morale ; mais, sans s’étendre beaucoup sur ce point, ils admettent implicitement que les deux conditions du progrès ne sauraient être séparées, et qu’elles se produisent à la fois sous l’influence d’harmonies créées par les matériaux et les forces de la nature. Enfin, les partisans de l’évolutionnisme se montrent très prudents en ce qui concerne la critique des institutions traditionnelles que condamne ouvertement le naturalisme ; mais on entrevoit que, dans leur pensée, « le progrès » consistera surtout à les rendre inutiles.