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presse, par le contact d’un demi siècle avec les hommes et les choses de mon pays.

Lorsque j’abordai l’œuvre de la réforme sociale avec les sentiments que l’appelle l’Aperçu préliminaire, mon plan de vie était nettement arrêté. Je me proposais de voyager six mois chaque année en Europe et en Asie, pour atteindre un double but. En premier lieu, je voulais me rendre capable d’enseigner la métallurgie, en me mettant à la seule école pratique de cette science, celle des ouvriers de la profession. En second lieu, j’espérais découvrir subsidiairement, dans ces voyages, la science des sociétés, pour déduire le système de réforme qui est indispensable à notre époque ; mais je ne voulais, à aucun prix, me livrer à la politique pour coopérer à la réalisation de ce système. Dans ma pensée, mes études sociales devaient être communiquées, à titre de renseignement, à ceux de mes amis qui seraient en situation d’en tirer parti : parmi ces derniers, Victor Lanjuinais, esprit sage et dévoué à la patrie, se trouvait au premier rang.

J’ai dit, avec quelques détails, dans le tome premier des Ouvriers européens (deuxième édition), comment ce plan de travaux fut ponctuellement suivi pendant dix-huit années. En 1848, les deux résultats désirés avaient été obtenus : j’avais été nommé dès 1840, sous le ministère