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de l’humanité, les sages ont considéré «la paix » comme le criterium du bien ; la « discorde » comme le criterium du mal. La prospérité reste acquise aux races humaines, tant que les gouvernants assurent le respect dû à la Constitution essentielle. La souffrance survient dès qu’ils ne donnent plus l’exemple de la vertu ou manquent de vigilance contre l’invasion du vice et de l’erreur. Ces défaillances sont rares chez les races simples de l’Asie centrale, où chaque patriarche exerce à la fois dans sa famille le pontificat et la souveraineté. Dans ce cas, en effet, le souverain, inspiré par l’amour paternel, est moins défaillant que ses sujets ; en sorte que le caractère dominant de la constitution sociale est l’obéissance de ces derniers. Il en est autrement chez les races compliquées, où l’autorité du père de famille doit être complétée par celle des classes dirigeantes et des gouvernants, où le sol disponible est incessamment réduit par l’agglomération des familles. Chez les races ainsi constituées, les gouvernants sont plus corruptibles que les deux classes de sujets. Il est donc nécessaire que les sujets se concertent avec les gouvernants pour trouver les garanties qu’il faut opposer à la corruption toujours imminente. Les améliorations qui peuvent amener la réforme sous de tels régimes ont pour base principale la conciliation de l’esprit de tradition avec l’esprit de nouveauté,