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vernement de l’infortuné Louis XVI et par l’Assemblée constituante n’ont pas tout d’abord porté leurs fruits : pendant deux générations, la force des mœurs a conjuré l’antagonisme social, conséquence naturelle de la séparation des intérêts qui unissaient autrefois le maître au serviteur. J’ai constaté personnellement, à plusieurs symptômes, qu’avant 1830 la paix continuait à régner, même dans les grands ateliers parisiens[1]. L’antagonisme s’est manifesté à la révolution de 1818, et, depuis lors, il s’est constamment développé. L’événement le plus funeste de la révolution a été la destruction de l’autorité paternelle, c’est-à-dire de la force sociale qui pourvoit aux deux besoins essentiels de l’humanité. Ce désordre a eu pour origine la loi du 7 mars 1793, qui a prescrit le partage forcé des héritages. Il a été encore aggravé par des dispositions ultérieures. Chaque jour, la possession du pain quotidien est compromise parce que le père n’a plus le pouvoir de transmettre intégralement le foyer domestique et les instruments de travail acquis aux générations précédentes. La pratique

    en ont besoin, et des secours aux infirmes. » (Réponse de Le Chapelier, député, faite au nom de l’Assemblée constituante, le 14 juin 1791, à une députation des ouvriers de Paris.)

  1. Ainsi, par exemple, « la fête de la lumière » se perpétuait ; le jour d’automne où commençait l’éclairage de l’atelier, le maître réunissait, dans un dîner, tous ses ouvriers à sa propre famille ; les femmes et les filles étaient invitées au bal qui suivait ce dîner.