Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En voyant cette complication, je compris que la méthode scientifique appliquée à l’étude des sociétés ne pouvait donner les prompts résultats que m’avait fournis son application à l’étude des minéraux. Toutefois, confiant dans la méthode, je poursuivis mon analyse sociale avec la persuasion que la lumière se ferait tôt ou tard dans mon esprit. Cet espoir ne fut pas trompé.

Les doutes que mes sept premiers voyages m’avaient laissés furent même levés plus tôt que je ne l’avais prévu. Cette transformation commença à se produire dans mes idées en 1837, quand j’eus abordé les contrées orientales de l’Europe, sur les frontières de l’Asie contiguës au bassin de la Caspienne. Elle fut ensuite achevée par deux autres voyages accomplis dans le pays d’Orenbourg, dans les monts Ourals et dans les steppes asiatiques qui s’étendent vers l’Orient. En vivant au milieu des races simples de ces régions, je constatai que le bonheur dentelles jouissaient était le résultat de la soumission aux principes qui faisaient le fond de leur constitution patriarcale, et qui s’y montraient à la fois nécessaires et suffisants. Cette conclusion jeta dès lors une lumière complète sur les jugements relatifs aux races compliquées de l’Occident : les peuples prospères étaient ceux qui, avec d’autres formes, restaient soumis aux mômes principes ; les peuples souffrants étaient ceux qui les avaient violés.