Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle naquit tout à coup dans l’esprit des quatre partis réformistes qu’avaient créés nos révolutions, mais qui, à la vue des maux de la patrie, se trouvèrent alors réunis par l’évidente nécessité de la réforme sociale. Sur l’indication de plusieurs notabilités du temps qui, pendant les années précédentes, avaient suivi mes travaux pour en appliquer les résultats, quelques chefs de ces partis vinrent alors m’inviter à publier les faits sociaux que j’avais recueillis et les inductions que j’en avais tirées. Cette invitation contrariait directement le plan de vie que je m’étais tracé. Déjà en 1837, à l’époque de mon mariage, j’avais dû opter une première fois entre les applications solides de ma science préférée, la métallurgie, et les vaines conceptions de la politique contemporaine. Je résistai d’abord énergiquement aux instances qui m’étaient faites. Je cédai ensuite au sentiment patriotique qui inspirait mes amis ; mais je m’engageai seulement à publier un ouvrage qui serait intitulé les Ouvriers européens, et fournirait les informations nécessaires aux hommes d’État unis pour opérer la réforme en France et en Europe. J’ai indiqué dans le présent livre comment l’union de ces hommes fut rompue par l’acte de violence de décembre 1851, et comment la persistance de cette rupture, malgré l’exécution ponctuelle de mon engagement, a retardé jusqu’à ce jour l’accomplissement de la réforme (VI, 11). J’ai maintenant à expliquer comment, par un concours de circonstances imprévues, l’engagement de 1848, qui se réduisait à publier un seul livre, m’a conduit, de proche en proche, à écrire une Bibliothèque.