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Lorsqu’en juillet 1848, je quittai Paris pour compléter, par sept voyages successifs, l’observation des faits sociaux recueillis en Europe et en Asie pendant les dix-huit années précédentes, j’étais tombé d’accord avec mes amis sur le but et le plan de la réforme sociale qui était nécessaire à la France. Ces mêmes convictions étaient partagées par la plupart des hommes d’État qui avaient été gagnés à la cause du salut social et qui, s’appuyant sur le livre dont la publication était convenue, en principe, devaient procéder à « la réforme pacifique des idées et des institutions ». Cette convention avait pour base un fait nouveau. Les partisans de la monarchie traditionnelle, et les hommes attachés aux deux monarchies qu’avait successivement instituées l’usage du droit de révolte (VI, 6) s’étaient, pour la première fois, entendus avec les hommes de paix que la force des choses rattachait au principe de la souveraineté élective. Ainsi associés, les chefs de nos quatre partis inclinaient tout naturellement vers l’esprit de conciliation dont j’ai indiqué précédemment le principe : ils devaient rechercher de bonne foi, pour chaque question de réforme, la distinction qu’il faut établir, à notre époque, entre les principes permanents et les « coutumes variables » de la Constitution essentielle (VI, 10 et 11) ; en d’autres termes, le choix à faire, dans chaque cas controversé, entre les traditions et les nouveautés nécessaires. Je pris confiance en l’avenir quand je vis l’Assemblée nationale revenir, en matière d’enseignement public, par la loi du 15 mars 1850, au régime libéral recommandé par