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le cardinal de Richelieu[1]. À partir de ce moment, je poursuivis donc, avec une nouvelle ardeur, mes quatre derniers voyages de revision en Europe et en Asie.

Comme je l’ai dit ci-dessus, cet accord fécond des quatre partis réformistes n’existait plus, en mai 1855, lorsque mon livre fut enfin publié après un rude travail. L’acte de violence d’où sortit le second empire n’eut pas seulement pour résultat d’empêcher les trois autres partis de donner leur concours à la réforme dans le parlement et le ministère. Rendus, par cet acte même, méfiants les uns envers les autres, les trois autres partis cessèrent de se concerter pour accomplir la réforme. En présence du changement survenu, sous ces influences, dans les rapports mutuels des partis politiques, je ne retrouvai pas, en 1855, la liberté d’esprit sur laquelle je comptais depuis sept ans. Non seulement je ne pus revenir à ma science favorite, mais je fus conduit, quelques mois après la publication des Ouvriers européens, à occuper une nouvelle situation, dans laquelle je dus poursuivre, en m’appuyant sur les vérités de la science sociale, la réforme que les chefs de parti ne voulaient plus entreprendre, ni dans la vie publique, ni même dans la vie privée.

Ma nouvelle mission se présentait dans des circonstances favorables. Précisément à l’époque où je pu-

  1. « Puisque la faiblesse de notre condition humaine requiert un contrepoids en toutes choses, il est plus raisonnable que l’université et les jésuites enseignent à l’envi, afin que l’émulation aiguise leur vertu. » (Cardinal de Richelieu ; testament politique, Ire partie, chapitre ii, section 11.)