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me confia la mission de rappeler « en son propre nom » les principes de l’organisation du travail et de l’organisation de la famille, à cinq sénateurs. Il me désigna expressément les noms de ceux qu’il jugeait les plus aptes à produire par leurs discours impression sur le sénat, et à provoquer ainsi, dans ce corps, un mouvement d’opinion favorable à la restauration de l’autorité paternelle. Je remplis de mon mieux cette mission, mais j’échouai, comme en 1858 devant le Conseil privé, et en 1865 devant plusieurs membres du Corps législatif, parce que je trouvai mes confrères imbus de convictions inébranlables. Le plus perspicace et le plus habile, l’un des deux hommes qui pourraient encore aujourd’hui accomplir la réforme, me chargea de dire à l’Empereur qu’il se croyait incapable de remplir ses intentions, vu que la majorité du sénat partageait l’erreur de la nation entière. L’un d’eux se montra plus égaré que les autres par l’enseignement qui persuade aux légistes français que la loi écrite a plus d’autorité que la Coutume : il répondit moins nettement à l’invitation que je lui transmis au nom de l’Empereur ; mais, peu de temps après notre entretien, son fils publia une brochure favorable à la conservation du régime actuel de partage forcé.

Le suprême effort qui m’a été demandé en novembre 1869 n’a donc pas été plus fructueux que les précédents. Toutefois, quand je récapitule dans ma pensée les nombreux rapports que j’ai eus depuis 1855 avec l’Empereur, je trouve que l’entretien de Saint-Cloud a mis pour moi en pleine évidence