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lève la restauration de l’autorité paternelle. Les uns, comme les hommes de la Convention et les fondateurs du premier empire, s’inspirent des idées qu’ils croient favorables à leur cause ; dans chaque parti, la majorité offre une diversité extrême d’opinions, selon les circonstances qui ont mis pour eux en lumière ou les ont empêchés de connaître les vrais intérêts de la famille. Cette diversité d’opinions est le grand obstacle contre lequel s’est constamment heurté l’Empereur dans la poursuite de ses projets de réforme. Cet obstacle sera difficilement écarté, même par des hommes de bonne foi cherchant individuellement la vérité dans les livres ou dans la presse périodique. La lumière se fera aisément, au contraire, dans l’esprit des chefs de parti, le jour où ils seront unis, comme ils l’étaient en juillet 1848, pour discuter contradictoirement les conditions de la réforme. C’est en vertu de ce motif que l’enseignement donné par les livres et la presse périodique de notre école doit tendre surtout aujourd’hui à rétablir l’union des quatre partis, qui fut désorganisée par l’acte de violence du 2 décembre 1851.

Un fait qui a produit sur mon esprit une impression profonde me conduit de plus en plus à résumer dans cette tendance le point de départ de la réforme.

En novembre 1869, par ordre de l’Empereur, je me rendis au palais de Saint-Cloud, à un dîner de famille. Ce dîner fut suivi d’un entretien particulier qui se prolongea pendant plus de deux heures. Dans cet entretien, l’Empereur me chargea de faire, au sujet de la réforme sociale, une tentative suprême : il