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§ 4

Inégalité naturelle des individus dans leurs tendances innées vers le bien ou le mal.

L’impulsion du vice originel qui nous porte vers le mal, comme les dispositions contraires qui mettent notre libre arbitre au service du bien, ne sont pas également réparties par la nature entre tous les hommes. Sur ce point, plus encore que dans les autres manifestations de l’activité humaine, le fait habituel est l’inégalité. Dès leur naissance, les uns inclinent à la stabilité dans la paix, les autres à l’instabilité dans la discorde. Quelques-unes de ces inclinations, améliorées ou aggravées, persistent au sein de toutes les sociétés. Elles donnent à chaque individu son caractère distinctif.

Ces inégalités correspondent aux différences énormes qui se manifestent dans les phénomènes de bien et de mal, de prospérité ou de souffrance propres à chaque société. Toutefois, même pour deux sociétés très différentes, les plus grands contrastes résultent, non de la nature des nouveau-nés, mais aussi et surtout des institutions auxquelles la race entière est soumise. Un fait sans réplique démontre cette vérité. L’inégalité des tendances apparaît chez les enfants de toutes