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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/46

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Les sociétés qui s’engagent le plus dans cette voie fausse n’ont pas cependant perdu tout moyen de guérison. Pari ont certains hommes, nés avec des tendances exceptionnelles vers le bien, échappent à la corruption du milieu qui les entoure. Voués aux arts usuels, ils maintiennent dans leurs foyers domestiques et leurs ateliers de travail la stabilité et la paix fondées sur l’affection réciproque du maître et des serviteurs. J’ai toujours vu en action, chez ces hommes, les principes et les coutumes de la Constitution essentielle. Le même enseignement s’est offert aux voyageurs de tous les temps. À une époque aussi critique que la nôtre, Platon[1] a trouvé comme nous le bon exemple dans ces établissements privilégiés. Il a nommé leurs maîtres « les hommes divins ». Il a conseillé aux gouvernants de la Grèce « de se mettre à la piste de ces hommes et de les chercher par terre et par mer ». J’ai ressenti les mêmes impressions dès que j’eus pénétré dans ces demeures de la paix, et j’ai tout d’abord nommé leurs maîtres : « les Autorités sociales. »

  1. « Il se trouve toujours, parmi la foule, des hommes divins, peu nombreux, à la vérité, dont le commerce est d’un prix inestimable, qui ne naissent pas plutôt dans les États policés que dans les autres. Les citoyens, doivent aller à la piste de ces hommes qui se sont préservés de la corruption… : en partie pour affermir ce qu’il y a de sage dans les lois de leur pays, en partie pour rectifier ce qui s’y trouverait de défectueux… » (Platon, les Lois, liv. XII.)