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un impérieux besoin de changement, auquel, selon l’état des lieux, on satisfait de deux manières. Dans le premier cas, la famille qui se multiplie peut établir les essaims de ses rejetons sur un territoire non occupé ; et alors la race s’étend, par la juxtaposition de ses éléments, sans qu’aucun d’eux soit contraint de modifier sa tradition. Dans le second cas, le territoire disponible fait défaut, et les familles établies sont obligées de transformer le sol qu’elles occupent, pour procurer à leurs rejetons de nouveaux moyens de subsistance. C’est alors qu’on voit naître le contraste signalé ci-dessus, à savoir la propension des familles anciennes à conserver la tradition ; la tendance des éléments jeunes à introduire la nouveauté. Chez les peuples prospères, la transformation du territoire reste subordonnée au respect de la stabilité dans les familles anciennes ou modernes, et à la conservation de la paix dans la société. Sous les influences qu’indiquera à plusieurs reprises la suite de cet écrit, on voit naître alors un régime mixte qui établit entre les deux aspirations un juste état d’équilibre. Ailleurs, dans les localités plus favorables à la nouveauté, il se produit un troisième régime où celle-ci prend une prépondérance irrésistible.

Les trois régimes diffèrent seulement par des nuances, en ce qui touche la pratique de la loi morale. Au contraire, ils contrastent beaucoup