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singulière dans l’emploi des instruments de travail, une perspicacité extraordinaire pour l’appréciation des phénomènes, utiles ou nuisibles, liés à la nature des lieux, des animaux et des plantes, enfin un développement considérable de la force du corps et de ses principales facultés.

L’esprit de tradition est la qualité qui distingue, entre toutes, les bonnes races de sauvages et de pasteurs. Il se reconnaît à un ensemble de caractères très bien définis. L’individu a le sentiment du bonheur dont il jouit. Il se livre avec passion à l’exercice de son travail, même sous l’influence de rudes intempéries. Amené sous des climats tempérés par quelque bienveillant patronage, il se prête avec répugnance à des travaux relativement doux et faciles, mais dans lesquels son initiative ne s’exerce plus. Il souffre alors et périt même, si on ne le ramène pas au lieu natal. Parfois, il est vrai, sous le régime des productions spontanées, la sécurité de l’existence est loin d’être établie aussi solidement que sous les bons régimes du deuxième âge ; tel est le cas surtout chez les sauvages. Mais c’est précisément dans cette vie aventureuse que la conquête du pain quotidien devient une passion. Ce sentiment appartient, non au sauvage, mais à la nature humaine : c’est le charme attaché à la lutte contre le hasard ; c’est l’entraînement que suscite le ré-