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tenir l’enfant, l’adolescent et l’homme fait, soumis à l’autorité paternelle. Si ce problème n’est pas résolu, l’œuvre entière s’écroule au grand détriment de la famille et de la société. C’est sur ce point décisif que ce concentre surtout la sollicitude des parents ; c’est à l’esprit d’obéissance envers ces derniers que se reconnaissent, soit les individus qui ont le moins souffert du vice originel, soit ceux qui en ont été le mieux corrigés. Pour se faire obéir de leurs enfants, les pères emploient en général le procédé dont se servent les autres pouvoirs humains ; ils ont recours à « la verge de la discipline » ; mais, plus que tout autre pouvoir, par une tendance qu’inspire la nature, que fortifie la réflexion, ils prennent pour auxiliaires les sentiments d’amour et de dévouement. Ces sentiments, toutefois, sont loin de suffire à dompter l’esprit de révolte qui est naturel aux jeunes générations. Les parents sont conduits par une sorte d’instinct à s’appuyer sur une autorité plus haute, qui puisse être acceptée des enfants sous la pression d’une crainte salutaire. À l’égard de la première enfance, quand la raison est encore absente, les mères et les nourrices ont souvent le tort d’invoquer des pouvoirs imaginaires ;