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l’homme, c’est-à-dire aux facultés intellectuelles et aux sentiments moraux, dont le développement n’est plus lié aussi directement à la mise en valeur du sol.

Les facultés intellectuelles sont réparties fort inégalement entre les individus d’une même famille, et plus encore entre ceux d’une même race. Elles sont en grande partie innées, et, par conséquent, en connexion intime avec l’organisme physique de chacun. Toutefois, elles se développent beaucoup par l’éducation, notamment par celle qui est implicitement contenue dans l’exercice des arts usuels et des arts libéraux (ii, 5).

Les meilleures organisations sociales élèvent le niveau intellectuel de la race entière : mais elles accroissent, plutôt qu’elles ne diminuent, l’amplitude des inégalités naturelles. L’âge de la houille, sous l’impulsion qui lui est imprimée jusqu’à ce jour dans l’Occident, tend plus que les âges précédents à produire ce résultat. Comme je l’indiquerai plus loin, il convertit en contrastes douloureux et permanents les inégalités intellectuelles créées en germe par la nature : en multipliant les professions qui procurent la richesse et la prépondérance sociale aux plus intelligents, il développe chez ces derniers l’orgueil, souvent même le vice et l’erreur. Sous ces influences, ceux qui sont ainsi favorisés oublient ou violent la loi morale, qui leur ordonne de