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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/138

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J.-P. DE BÉRANGER.

Jean-Pierre de Béranger naquit à Paris, le 10 août 1780. Malgré le de aristocratique encore écrit au frontispice de ses œuvres, il est vilain et très-vilain, comme il l’avoue lui-même dans un couplet où il ne revendique d’autre titre de noblesse que son amour de la patrie. Ses premières années se passent chez son grand-père, un vieux tailleur plein d’indulgence, qui tolère cette fameuse école buissonnière, tant chérie des futurs grands hommes. À l’âge de neuf ans, après la prise de la Bastille, qu’il devait chanter quarante ans plus tard, Béranger va trouver une de ses tantes, aubergiste dans un faubourg de la ville de Péronne. Voilà, vous devez le sentir une enfance peu surveillée, et des éléments d’éducation bien incomplète : un grand-père et une tante ! c’est-à-dire, les branches les plus flexibles de la parenté. — C’est seulement à sa quatorzième année que Béranger commence à soupçonner les côtés sérieux de la vie. Alors il entre comme apprenti chez M. Laisney, imprimeur à Péronne, et se familiarise avec le travail et l’orthographe. À dix-sept ans il revient à Paris, chez son père, dont la fortune, momentanément rétablie, lui permet tous les gigantesques essais des poètes en herbe : canevas de comédies et de drames, plans de tragédies, conceptions épiques. Tandis qu’il est en train de devenir un Molière, un Shakspeare ou un Homère, la misère vient de nouveau frapper à sa porte, et il ouvre avec la confiance de l’inexpérience. Toutefois, cette hôtesse qui ne devrait être qu’un oiseau de passage, abuse de l’hospitalité et menace de devenir permanente. Alors le jeune poëte se décide à la quitter. Il fait un petit paquet de toutes ses œuvres et le fait parvenir à Lucien Bonaparte. Cet envoi était accompagné d’une épître pleine d’un noble orgueil,