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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/181

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HÉGÉSIPPE MOREAU.

J’ai, le front sur ses genoux,
Prié des heures entières…
À propos, qu’attendez-vous ?
Otez donc vos jarretières.
Vous soupirez, et pourquoi ?
       Riez vite,
       Ma petite ;
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.


Oh ! si j’avais par hasard,
Effleuré de mon haleine,
Profané de mon regard
Son sein rond sous la baleine,
J’aurai dit cent fois : Pardon ;
Moi, bâtard de Diogène…
À propos, débouclez donc
La ceinture qui vous gêne.
Vous soupirez, et pourquoi ?
       Riez vite,
       Ma petite ;
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.


Ces beaux jours sont envolés :
Que le souvenir en meure !
Lorsque vous me consolez,
Peut-être qu’en sa demeure,
Hélas ! son oubli m’absout
De mon plaisir infidèle :
Amours purs, croyances, tout
S’éteint… Soufflez la chandelle.
Vous soupirez, et pourquoi ?
       Riez vite,
       Ma petite ;
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.


Ces couplets, où malgré la légèreté du fond, la forme est fine, délicate, et en même temps imprégnée d’amertume, durent, dans certains cercles intimes, valoir des éloges à l’auteur ; mais les éloges sont légers comme le vent et aussi peu substantiels. C’est à la suite de semblables ovations que la bonne sœur Louise lit tristement des phrases de ce genre : « Ces gens-là me laisseront mourir de faim ; après quoi ils diront : C’est dommage ! et ils me feront une réputation pareille à celle de Gilbert. » La prédiction s’est accomplie, avec cette différence, toutefois, que Gilbert, égal par le malheur, ne s’est pas élevé aussi haut par ses œuvres, et n’a jamais fait d’aussi grandes promesses que le Myosotis. Gilbert n’a jamais at-