gnaient depuis quatre jours, Lazare s’est échappé comme un aigle au vol rapide. Qu’il vienne, hélas ! et notre commun empire est aboli. »
Tout à coup une voix semblable aux roulements du tonnerre cria : « Chefs, ouvrez vos portes : ouvrez-vous, portes éternelles, le roi de gloire veut entrer. » L’enfer donne congé à Satan, comme à un auxiliaire sans cœur, et résiste au divin commandement. Mais les saints le gourmandent et le somment d’ouvrir. David s’écrie : « Voici venir celui qui brise les fiers remparts et les portes d’airain. » Isaïe : « Les morts ressuscitent, guéris par la rosée qui tombe du ciel. Ô mort, où est ton aiguillon ? où est ta victoire ? » La voix divine s’étant fait entendre de nouveau, l’enfer simule l’ignorance et dit : « Quel est ce roi de gloire ? » David répond : « J’ai reconnu cette voix dont je fus l’écho inspiré, c’est le seigneur puissant et victorieux, c’est le roi de gloire qui rend la liberté aux captifs, aux morts la vie. Enfer, fétide enfer, ouvre tes portes. » À ces mots, Jésus entra, dissipa les ténèbres et brisa tous les liens. L’enfer, s’avouant vaincu, s’écria : « Qui es-tu donc, toi, si grand et si humble, général et soldat, toi qui as revêtu la forme d’un esclave, toi que la mort n’a fait qu’effleurer ? À ta mort, l’armée des cieux a pâli, et voilà que, ressaisissant la vie, tu viens délivrer les captifs du péché originel. » Les démons poussent ces cris d’effroi. « D’où viens-tu, homme de cœur, roi de suprême majesté ! Quoi ! tu as osé franchir nos frontières, braver nos supplices, délivrer nos prisonniers ? Sans doute tu es ce Jésus dont la mort devait, suivant Satan notre maître, te conquérir l’empire de l’univers. » Alors le roi de gloire livra Satan à la puissance de l’enfer, et attira Adam dans son nimbe lumineux. Et le Seigneur étendant sa main dit : « Venez à moi, vous, saints, qui reproduisez mon image. L’arbre de la croix a sauvé ceux que l’arbre de la science avait perdus. » David et les prophètes s’écrient : « Béni soit celui qui vient, au nom du Seigneur, racheter nos péchés et nous ouvrir les portes de la céleste Jérusalem. »
La légion des saintes âmes marchait, sous la conduite de Jésus, vers le paradis. Elles rencontrent Enoch et Élie qui leur annoncent le tribut qu’ils paieront bientôt eux-mêmes à la mort. Plus loin elles se trouvent en présence d’un malheureux portant sa croix : « Qui es-tu ? lui disent-elles, tu as bien la mine d’un voleur. » — « En effet, répond celui-ci, j’étais un voleur et un malfaiteur. Crucifié à côté de Jésus, j’ai cru en lui, et Jésus m’a ordonné de porter ma croix qui devait m’ouvrir les
