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LE PRÉSENT.

bas étage, tout ce qui doit rester dans l’ombre, c’est, ma foi, une tâche que nous ne saurions ni ne voulons remplir. Nous laisserons a ces dames toutes leurs dents, tous leurs jupons, leur mari et leur âge, pour dire simplement ce que tout le monde pourrait dire, mon Dieu oui ! au risque de ne blesser personne. On peut encore se faire lire, sans avoir jeté dans son écritoire un grain de scandale, une goutte de fiel, pour faire mordre la plume.


Une nouvelle, pour commencer, qui ne tuera personne ! hélas ! ils sont déjà bien malades. Une revue bien connue, qu’on appelle dans certains endroits l’organe de la jeune littérature, et dans certains autres l’interprète de la démocratie, la Revue de Paris, pour tout dire en trois mots, n’aurait plus que quelques pages à vivre. Ce sera un jour bien triste pour tous ces littérateurs chevelus, derniers romantiques, poëtes ouvriers, professeurs avancés, qui plaçaient là leurs productions téméraires. Ma foi ! je verse aussi ma larme en passant. J’éprouve toujours un serrement de cœur en voyant disparaître dans la mèlée ces défenseurs de l’idée, quels que soient leurs armes et leurs drapeaux, seraient-ce même des conscrits ! Si l’on savait tout ce qu’il faut d’esprit et de courage pour faire vivre dignement ces jeunes revues où l’on n’aime que les choses de l’esprit, la poésie, les arts, le grand et le beau ! Elles peuvent s’égarer en route, dispenser à tort le blâme ou l’éloge, mal juger les hommes et les livres, n’importe ! C’est chez ceux qui prennent l’initiative de ces entreprises difficiles une ambition aussi noble que dangereuse, et s’ils perdent à ce jeu-là une partie de leur fortune, du moins y gagnent-ils l’estime des gens de cœur, une réputation d’esprit et décourage.


La Revue de Paris doit peut-être à la politique sa fin précoce ; non pas que l’arrèt de mort soit tombé d’en haut ! là n’est pas le secret. Serait-ce par hasard que les protecteurs connus de la Revue condamnée, les hommes dont elle devait représenter les sentiments, n’aient pas obtenu de la combinaison nouvelle le résultat qu’ils attendaient, et veulent-ils trouver dans l’organe de leurs opinons autre chose, plus de prudence ou plus d’audace ? Serait-ce tout simplement une question d’argent, — un vilain mot qui rappelle une vilaine pièce. — Si riche que l’on soit, on ne l’est pas toujours assez pour payer sa gloire.


La Revue de Paris s’en va, une autre arrive, dont j’ai oublié le titre ; un parle, je crois, de la liberté d’enseignement. C’est un peu vieux, direz-vous ; et qui donc la dirigera ? l’homme le plus jeune de Paris, M. Philarète Chasles en personne. Les bureaux seront rue Jacob, assez près de la bibliothèque Mazarine, et l’aimable écrivain ira là plus vite qu’à l’Académie, qui est pourtant moins loin, ce me semble !


Et moi qui disais partout que M. Baudelaire s’amusait de nous, en affirmant