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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/265

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L’ANNÉE DES COSAQUES.
SECONDE PARTIE. — PARIS.
XI. — LA MAISON DE JEU.

— Ah çà ! tu en es encore là avec la belle Marguerite, dit Ostrowki en regardant son ami et en lui riant un peu au nez quand ils furent dans la rue. On te congédie après dîner, sans plus de façons.

— Et que pouvais-je faire ?

— Rester, morbleu ! rester, et la guérir de son mal de tête.

— Assez ! tu juges mal Marguerite.

— Georges, mon ami, tu me fais de la peine. Jusques à quand donc éparpilleras-tu les soupirs, comme une artillerie volante, autour de la place, sans y pénétrer. Je te croyais, ma foi, plus avancé !

— Mon cher ami, parlons d’autre chose, si tu le veux bien ; tu me feras plaisir.

— Soit, et pour te distraire, je vais te mener dans une honnête maison qui m’a été indiquée, où tu pourras perdre ton argent à tous les jeux que tu voudras, si la fantaisie t’y pousse.

Prenant Georges sous le bras, Ostrowki l’entraîna, malgré sa répugnance, dans un tripot fameux.

— Viens, mon cher, lui disait-il, chemin faisant ; nous rirons un peu. J’ai rendez-vous avec Michel Samoïnoff, un grand qui serait obligé de se baisser s’il voulait décrocher la lune, et avec Rodolphe Dithmar, un petit Allemand qui avait ce matin sur la tête plus de plumes que de