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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/331

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L’ANNÉE DES COSAQUES.

— Si je le veux ! oui, c’est une inspiration du ciel. Oh ! tu vas voir comme je serai belle.

Georges s’approcha du père Grandpré.

— Monsieur Grandpré ! voulez-vous être mon père ?

Le vieillard se jeta dans ses bras.

Il alla à Baptiste.

— Voulez-vous être mon frère ? Je vous jure ici devant Dieu qui m’entend que votre sœur est pure comme l’aube d’un soleil d’été.

Baptiste lui tendit la main.

Georges s’avança devant l’empereur.

— Sire, vous aviez bien voulu honorer l’autre mariage de votre présence, oserai-je espérer que celui-ci vous trouvera favorable ?

— Mon enfant, vous étiez digne d’être heureux. Que cette jeune fille vive : vous serez après moi le premier de l’empire, et elle sera honorée à l’égal des reines. Docteur !

Le docteur Benoît s’approcha.

— Y a-t-il inconvénient à célébrer ce mariage immédiatement ?

— Non, Sire, je n’en vois pas ; le bonheur ne peut qu’amener une réaction salutaire.

— Oh ! Georges, je vais être ta femme !

— Oui, devant Dieu et devant les hommes, au ciel et sur la terre.

— Vous croyez que les fatigues d’une cérémonie n’épuiseront pas mademoiselle ?

— Sire, la cérémonie sera courte. La messe d’ailleurs peut être dite ici.

— Non, non, je veux sortir, je suis forte, vous verrez, docteur. Et quel beau temps ! Voilà ma linotte qui m’appelle. C’est à elle que je racontais mes chagrins, et elle chantait pour m’égayer. Je t’entends, pauvre petite, chante, chante ; je suis bien heureuse.

Perchée sur la haie d’aubépine, une linotte égrenait à l’écho tout son écrin de mélodies.

La foule s’écoula ; une toute petite pièce était attenante à la chambre de la mère Thomas ; l’empereur et Georges y passèrent, et Marguerite resta seule avec l’excellente femme qui l’habilla pour la cérémonie. Ce fut vite fait ; Georges en rentrant poussa un cri d’admiration, jamais il n’avait vu sa fiancée si belle. Ses joues pâles s’étaient colorées d’une légère rougeur ; ses yeux brillaient d’un feu clair et joyeux ; sur son