Pourquoi ne dirions-nous pas un mot de M. Verlat ? Il a causé l’étonnement de tout le monde par les dimensions fabuleuses de ce fameux tableau qu’il appelle Chevaux français gros percherons : Un coup de collier. Jamais idée aussi saugrenue a-t-elle passé par la tête d’un peintre ? Deux chevaux qui ressemblent à des hippopotames font effort pour enlever un tombereau de pierres, et un charretier à jambes cagneuses leur fait claquer son fouet sur le dos, tandis qu’un roquet enragé lui aboie de fureur entre les jambes. La belle conception ! la riche imagination ! Qu’il a fallu à M. Verlat de sentiment, d’esprit et d’expression pour rendre convenablement ses hippopotames, son charretier et son roquet ! Les lauriers de M. Courbet empèchaient sans doute M. Verlat de dormir. Qu’il soit satisfait. Je lui vote pour ma part une couronne de chiendent. Assez sur ces gageures qui révoltent le bon sens ; conseillons à M. Verlat qui ne manque ni de faire, ni d’un certain mouvement et d’une certaine fougue emportée, de mieux choisir ses sujets une autre fois.
M. Montenay a exposé un Sixte-Quint enfant. C’est sobre, correct, et suffisamment pittoresque. Une vieille devineresse prédit au jeune pâtre sa grandeur future. L’air étonné de la nourrice qui entend annoncer un pareil avenir à son nourrisson, l’air inspiré de la sibylle, l’insouciance et l’air mutin du gamin qui, la pannetière au flanc, une peau de mouton sur les épaules et les pieds nus, s’entend dire qu’un jour il sera le successeur de saint Pierre et le vicaire de Jésus-Christ sur la terre, forment des contrastes qui ont du charme et de la saveur.
Et M. Gaillard, pourquoi en avoir tant médit ? Quel féroce ennemi s’appelant Légion, quel essaim de moustiquesrapins et autres a redit son nom à toutes les murailles et à tous les échos, accompagné d’épithètes plus ou moins homériques ? Cet acharnement d’inimitié ne lui a point nui, à ce bon M. Galimard ; chacun le cherchait au salon avec un empressement mêlé de pitié ! Quand on le trouvait
