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FRAGMENTS D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.

« Dis-moi donc un peu ce que tu venais faire au bord de l’eau ? Hem ! fripon, c’était peut-être un rendez-vous, une petite grisette que tu attendais ?

ÉMILE.

Vous pourriez croire…

L’ONCLE.

Il n’y a pas de mal ! J’aime mieux cela que de te voir sombre et ennuyeux comme… un roman nouveau (méchant !). Je te passerais plutôt trois maitresses sans amour qu’un seul chagrin sans raison. »

Et comme il est dit qu’en tournant autour de la mare, Émile s’est trouvé requis de sauver la vie à la tante de sa prétendue, Desgaudins le raille agréablement sur cette aventure :


Nous enlevions les nièces seulement ;
Vous, vous enlevez les grand’tantes !


Chante-t-il avec une fatuité d’invalide ! Mais enfin il faut bien savoir ce que ce damné Émile allait faire dans cette mare. Poussé à bout par son oncle, il dévoile ses projets sinistres. L’oncle éclate : Voilà le fruit de tes lectures ! Au lieu de venir m’avouer tes fautes, car tu as joué… ?

ÉMILE.

Non, mon oncle.

DESGAUDINS.

Tu as donc compromis ton nom ? ta signature ? (0 poëte du comptoir !)

ÉMILE.

Mais non…

DESGAUDINS.

Tu as donc des chagrins ?

ÉMILE.

Pas précisément. (Ce dernier mot, comme dit Balzac, est charmant !)

DESGAUDINS.

Des dettes ?

ÉMILE.

Pas davantage. Ma fortune suffit à mon ambition.

DESGAUDINS.

Eh bien alors qu’est-ce qui te manque ?

ÉMILE.

Rien !  !