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LE PRÉSENT.

HYPATIE ET CYRILLE
DIALOGUE.
CYRILLE

J’ai voulu te parler, t’entendre sans témoins :
Tes propres intérêts ne demandaient pas moins.
On vante tes vertus ; s’il en est dans les âmes
Que Dieu n’éclaire point encore de ses flammes !
J’y veux croire, et je viens, non comme un ennemi,
Dans un esprit de haine, à te nuire affermi,
Mais en père affligé qui conseille sa fille
Et la veut ramener au foyer de famille.
C’est un devoir, non moins qu’un droit, et j’ai compté
Que tu me répondrais avec sincérité.
Par un siècle d’orage et par des temps funestes
Où le ciel ne rend plus ses signes manifestes,
J’ai vécu, j’ai blanchi sous mon fardeau sacré ;
Heureux, si, près d’atteindre au terme désiré,
Je versais dans ton sein la lumière et la vie !
Ma fille, éveille-toi, le Seigneur te convie ;
Tes dieux sont morts, leur culte impur est rejeté :
Confesse enfin l’unique et sainte vérité.