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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/411

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POÉSIES

LA MORT D’ADONIS

SONNET.


Il est mort ! Son sang pur vient de rougir la rose,
Mais sa joue a des lys revêtu la pâleur ;
Ses cheveux sont épars ; l’herbe où son front repose
Se courbe désolée et ressent sa douleur.

Il ne connaîtra pas la vieillesse morose,
Il meurt, aimé des dieux, dans sa grâce et sa fleur,
Et l’on verra son ombre autour d’un laurier-rose
Errer dans les roseaux sans voix et sans couleur.

Son sourire lui reste, — on dirait qu’il sommeille,
Car sa bouche est fleurie à tromper une abeille,
Et jusque dans la mort il garde sa beauté.

Vénus, les yeux en pleurs, se plaint d’être déesse
Et voudrait d’un baiser, inutile caresse,
Lui redonner la vie ou l’immortalité.



Henri CANTEL.