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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/419

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CRITIQUE.

ÉTUDES
SUR LA SOPHISTIQUE CONTEMPORAINE
De la connaissance de Dieu, Logique ; De la connaissance de l’âme par l’abbé Gratry, prêtre de l’Oratoire.


L’abbé Gratry n’est pas un nouveau venu dans le domaine de la philosophie. Il y a déja laissé plus d’une trace lumineuse, et ses tentatives accumulées ne vont à rien moins qu’à instaurer une philosophie nouvelle, qu’àramenerla foi et la science, définitivement réconciliées, dans les bras de la philosophie. Les philosophes de profession croient peu, dit-on, et savent moins encore : M. Gratry leur conseille de lire saint Thomas, de mieux comprendrePlaton et d’étudier les mathématiques. Excellents conseils, auxquels M. Gratry ajoute l’autorité de l’exemple, mais qui ne lui attirent que d’implacables rancunes ou des couronnes dérisoires.

Ancien élève de l’École polytechnique, M. Gratry entra de bonne heure dans le sacerdoce, et fit bientôt partie de cette phalange de prêtres jeunes, ardents, éclairés que M. Bautain avait groupés autour de lui. Que voulaient-ils ? je ne sais. Mais bientôt la hauteur du maître et les censures infligées par monseigneur l’évêque de Strasbourg à quelques propositions téméraires rompirent le faisceau. Chacun s’inclina devant l’autorité doctrinale du premier pasteur, et entra soit dans la vie studieuse, soit dans le tourbillon de la vie active. M. Bonnechose est évêque, et M. Bautain le sera sans doutequelque jour : M. Gratry devint directeur du collège Stanislas. Il mit au service de cette œuvre modeste son zèle de prêtre et sa haute culture scientifique ; mais il succomba sous des difficultés de toute nature qui, après lui, blessèrent encore plus cruellement son successeur et ami