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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/48

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LE SALON DE 1857.
II
GENRE. — MM. Comte, Leman, Gérôme, Hamon, Knauss, Frère, Pezous, Stevens, Willems.

M. Comte a envoyé, cette année, quatre toiles appartenant au genre historique. Des deux premières : Jeanne Gray théologienne, et Catherine de Médicis faisant de la magie dans sa chambre, au château de Clermont, je n’ai pas une grande estime Dans la Jeanne Gray, je louerai Jeanne elle-même, délicate et svelte enfant bien rendue par le pinceau, et la tête du moine qui est au fond ; dans la Catherine de Médicis, je reconnaîtrai que le Ruggieri est bien posé, et que sa figure a de l’expression ; toutefois le ton général de ces deux tableaux est trop cru et trop sévère. M. Comte chiffonne bien les étoffes voyantes autour de ses personnages, il fait bien tomber les robes de velours ou de soie à larges plis sur les pieds des grandes dames, il habille bien ses seigneurs de satin et de brocard ; il lui faut donc choisirdes sujets qui prêtent à la magie de la couleur. Tels sont par exemple ces deux-ci : Henri III visitant sa ménagerie de singes et de perroquets, et François Ier et la duchesse dEtampes visitant l’atelier de Benvenuto. Ils sont de beaucoup supérieurs aux autres. Le Henri IIII surtout est ravissant. Les plumages de feu de ses perroquets, les riches atours des gens de sa suite, dames et gentilshommes, la nonchalance du roi, la frivolité peinte sur toutes les physionomies en font une œuvre remarquable par l’habileté de la main, remarquable aussi par l’intelligence de l’époque. Plus noble et plus grave est le François Ier. La visite en effet, n’est pas pour des perroquets et des singes, mais pour Cellini, le premier orfèvre, le premier ingénieur, le premier graveur, le premier artiste en tout genre du temps. De même que lui, sa suite est sérieuse, on sent qu’elle vient rendre hommage au génie et non chercher un passe-temps frivole. Derrière François Ier, dans le fond, on voit un seigneur qui lui ressemble ; de même un seigneur qui ressemble à Henri III, derrière Henri lit dans l’autre tableau. L’idée est fort ingénieuse. De tout temps en effet, et dans toutes les cours, on a copié