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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/9

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LE PRÉSENT.

Y a-t-il place en France pour une nouvelle Revue ? Beaucoup de gens répondraient non, tout d’abord. Toutes les opinions, en effet, tous les systèmes littéraires, sont largement représentés. Les orléanistes et l’Académie ont la Revue des Deux Mondes ; les républicains et les romantiques renaissants ont la Revue de Paris ; l’empire a la Revue contemporaine ; les légitimistes ardemment catholiques ont le Correspondant ; la littérature pure et l’érudition ont la Revue française. Et encore que de journaux d’images, que de Musées, que de Magasins pittoresques, Magasins des enfants, de Gazettes plus ou moins littéraires !

À côté cependant de ces montagnes de papier noirci, nous croyons qu’un recueil nouveau a chance de vivre et de prospérer. Recueil, autant que possible, jeune, vif quoique sérieux, hardi et rapide. On ne conçoit guère une Revue en France que comme une lourde publication, lourde au moins par le nombre des pages, bardée de science pédante et d’ennui, à laquelle s’attellent un certain nombre de publicistes, d’historiens, de critiques et de romanciers. Il faut, généralement, qu’ils aient fait leurs preuves, comme on dit, c’est à savoir qu’ils aient déjà, pendant de longues années, trempé leurs doigts dans l’encre et use au métier littéraire la jeunesse de leur corps et de leur esprit ; il faut, de plus, qu en entrant dans la Revue ils endossent l’uniforme du lieu. Jeunes ou vieux, blonds ou bruns, grands ou petits philosophes ou conteurs, tous les rédacteurs sont tenus d’entrer, que bien que mal, dans cet uniforme. L’idéal espoir, caressé du directeur, est que tous ressemblent à un seul rédacteur, un rédacteur type, qu’il a dans l’esprit, et sur l’image duquel chaque arrivant est tenu de composer plus ou moins son visage.