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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/16

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LE PRÉSENT.

qu’à cette Arie antique où les ancêtres communs des Brahmanes et des mages, des patriarches de la Chaldée et des druides de la Celtique, constituèrent, pendant de longues générations, la tête et le cœur de l’humanité enfant.

Pour quiconque a pénétré au fond des traditions originelles des peuples, il est évident qu’elles ne sont pas écloses aux lieux où l’histoire les a recueillies. À cet égard, ce qui est vrai des Celtes et des Scandinaves, qui transportèrent sous les sapinières du Nord, sous les chênaies de la Gaule, des réminiscences du ciel, du sol et des croyances du lointain Orient ; ce qui est vrai des Médo-Perses, qui ajustèrent aux rivages du Tigre et du Bend-Émir des souvenirs venus de par-delà l’Oxus et l’Iaxarte ; vrai des Japonais, qui ont approprié aux annales de leur archipel la première partie de l’histoire ancienne de la Chine ; vrai encore des Grecs, qui modelèrent, d’après les proportions harmonieuses mais restreintes de leur patrie européenne, des mythes éclos sur les gigantesques amphithéâtres de l’Hindou-Koh et de l’Himalaya, — est également vrai des Arians septentrionaux, ancêtres des Mèdes, des Chinois, pères des Japonais, et des Indous, aïeux des Grecs.

Et cette vérité ressort incontestablement de l’examen approfondi des livres sacrés de ces aînés de la race humaine.

Le texte des Naçkas, cette bible masdéenne attribuée à Zoroastre, mais aussi ancienne que les Védas, est précis quant à l’Arie. « Dans l’Ariana pur, le plus long jour d’été était égal aux deux plus courts jours d’hiver,et la plus longue nuit d’hiver égalait les deux plus courtes nuits d’été. » Cette indication formelle, qui ne peut convenir qu’à une zone étroite de notre hémisphère, nous conduirait sous une latitude à laquelle n’ont jamais atteint les frontières des empires mèdes et perses ; et c’est au point d’intersection des monts Bolors et des monts Célestes qu’il faut chercher le mont Alborg de la géographie mas* déenne, « ce nombril des eaux qui arrosaient l’Ariana, le premier des lieux donnés aux hommes par Ahura-Masda. »

Si le Rig-Véda est beaucoup moins explicite sur le point qui nous occupe que le texte bactrien, d’autres livres sanskrits, purement Indous, ont conservé des notions géographiques qui sont comme des réminiscences d’autres temps et d’autres lieux.

Où chercher, entre autres, ce mont Méru de la mythologie brahmanique, Olympe gigantesque dont les flancs fournissaient à la fois des