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QUELQUES
CARICATURISTES ÉTRANGERS

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Un nom tout à fait populaire, non-seulement chez les artistes, mais aussi chez les gens du monde, un artiste des plus éminents en matière de comique, et qui remplit la mémoire comme un proverbe, est Hogarth. J’ai souvent entendu dire de Hogarth : C’est l’enterrement du comique. Je le veux bien ; le mot peut être pris pour spirituel, mais je désire qu’il soit entendu comme éloge ; je vois dans cette formule impromptue un symptôme, un diagnostic d’un mérite tout particulier. En effet, qu’on y fasse attention, le talent de Hogarth comporte en soi quelque chose de froid, d’astringent, de funèbre, Cela serre le cœur. Brutal et violent, mais toujours préoccupé du sens moral de ses compositions, moraliste avant tout, il les charge, comme notre Granville, de détails allégoriques et allusionnels, dont la fonction, selon lui, est de compléter et d’élucider sa pensée. Pour le spectateur, j’allais, je crois, dire pour le lecteur, il arrive quelquefois, au rebours de son désir, qu’elles retardent l’intelligence et l’embrouillent.

D’ailleurs Hogarth a, comme tous les artistes très-chercheurs, des manières et des morceaux assez variés. Son procédé n’est pas toujours aussi dur, aussi écrit, aussi tatillon. Par exemple, que l’on commpare les planches du Mariage à la mode avec celles qui représentent Les dangers et les suites de l’incontinence, Le Palais du Gin, Le Supplice du musicien, Le Poëte dans son ménage, on reconnaîtra dans ces dernières beaucoup plus d’aisance et d’abandon. Une des plus curieuses est certainement