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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/196

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LE PRÉSENT.

— Oh ! vous ne comprenez rien ! murmura-t-elle.

Le bonhomme regarda madame André.

— Il ne vous a pas parlé de cela, s’écria-t-il. Je vais aller le trouver. Au moins, petite, tu sauras à quoi t’en tenir.

Julie poussa un cri de terreur. Déjà le vieux Normand était debout. Elle s’attacha à lui, en le conjurant de ne point se mêler de cette affaire. Il résistait : elle le couvrit de ses larmes et se mit à l’embrasser comme lorsqu’elle était enfant.

— N’y allez pas, disait-elle.

— Puisque tu ne le veux point ! répliqua-t-il.

Alors elle s’enfuit.

— Si c’était pourtant une fausse démarche ? dit le bonhomme à madame André.

— Plaise à Dieu qu’elle soit fausse ! s’écria l’aïeule.

Jean Moreau sortit bravement par le chemin des pommiers et marcha tout droit à la Tour-d’Argent. Son passage dans le haut du bourg lui valut presque une ovation, car l’opinion avait bien varié, sur son compte, et son innocence était reconnue par les femmes du moins, que sa touchante soumission, à madame Éléonore avait toutes désarmées. À l’hôtel, il demeura trois heures enfermé avec Arsène.


Paul PERRET.


(La fin au prochain numéro.)