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LE PRÉSENT.

et d’Ellorât aussi bien que sur les monuments de l’antique Égypte. Ces groupes sociaux, constitués du jour où l’homme put lutter à armes égales contre les forces exubérantes du milieu qui l’entourait, s’avançaient, vers le midi et l’orient en invoquant Agny, la divinité de l’Arie primitive ; « Agny l’irrésistible qui pénètre en retentissant dans les djungles les plus épais ; Agny l’impérissable, dont les flammes sont rouges et dont la route est noire ! » Ils lui demandaient de faciliter leur route, de dévorer les bois où leurs ennemis cachaient leurs pièges. Ils adoraient aussi les esprits élémentaires qui brillent dans le ciel, ou qui vivifient la terre et les eaux, les suppliant tous, dieux et déesses, d’écarter de leur voieles artifices de la perfide race à la peau noire, et la violence des Dasyous, « brigands impurs, à jamais sevrés de la coupe sacrée où les hommes pieux boivent la vie, et qui ne rôdent autour des lieux de sacrifices que pour y dérober les offrandes. »

Et ce disant, les pasteurs du vieil Orient guidaient des essaims mugissants de zébus, au pelage blanc ou tacheté, à travers les savanes, changées en pâturages par l’incendie, ou le long des clairières ouvertes par la flamme dans le sein des forêts vierges.

Pendant que, par cette violence envers la nature brute, les peuplades jaunes de l’Inde se préparaient au passage de la vie pastorale à la vie agricole, les tribus guerrières d’Arians établies dans la Pentapotamide et sur les pentes de l’Himalaya étendant graduellement vers l’orient les flots de leur population croissante, préludaient à de plus hautes destinées, sous la conduite de deux familles princières dont l’origine se perdait dans la nuit des temps, et qui, se disant issues, l’une du génie solaire et l’autre du génie de la lune, rappellent les Héliades et les Sélénides de la mythologie grecque ; ils fondèrent dans l’Inde les premières cités.

Les Souryavas ou descendants du soleil, inclinant au sud-est avec le cours du Gange, établirent leur grande métropole à Ayodhia (l’Aoude actuelle). Les Tcbandravas ou fils de la lune, appuyant au contraire vers le couchant, eurent le centre de leur puissance à Indraprasta et à Hastinapoura, localités voisines et situées toutes deux dans ces plaines de Delhi, où se sont jouées tant de fois, où se jouent à l’heure présente les destinées de l’Inde.

De ces deux troncs dynastiques sortirent de nombreux rameaux qui implantèrent, par la colonisation et la conquête, au sud du Gange,