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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/230

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LE PRÉSENT.

Nous venons de dire que la lumière était duc à l’incandescence des particules détachées des conducteurs, il en résulte donc une usure, d’autant plus rapide, quand on se sert de charbons, que ceux-ci s’usent, en outre, par la combustion. De telle sorte qu’au bout d’un certain temps leur longueur se trouve beaucoup diminuée, la distance entre les pôles augmente et l’arc se rompt. Il résulte de cette circonstance la nécessité d’avoir recours à un mécanisme particulier qui rapproche sans cesse les charbons pour compenser leur usure. Le plus usité jusqu’à présent est celui de M. Duboscq, qui emploie, pour arriver à ce but, un mouvement d’horlogerie. MM. Thiers et Lacassagne en ont proposé un très-ingénieux, qui est fondé sur l’écoulement du mercure, mais qui offre comme tous les autres quelques inconvénients.

Tout Paris a vu briller la lumière électrique dans diverses fêtes publiques, soit au Champ de Mars, soit à l’hôtel de ville ; pendant quelques années, des expériences furent faites sur les boulevards par M. Archereau, qui avait imaginé un des premiers régulateurs qui permettent l’emploi de cette lumière. Je ne décrirai donc pas son aspect. Il n’est personne qui n’ait été ébloui de ses rayons, qui n’ait admiré la vigueur des ombres portées par les objets placés sur leur route. Cette propriété fit dans les premiers temps espérer les plus magnifiques résultats de l’emploi de cette lumière. Son intensité, ou encore son pouvoir éclairant, est très-considérable, mais son éclat est bien plus remarquable encore.

Je ferai observer ici que le pouvoir éclairant d’une source de lumière n’a aucun rapport avec son éclat. Deux lumières peuvent avoir le même pouvoir éclairant et avoir des éclats très-différents. Le pouvoir éclairant dépend de la quantité de lumière émise par la source ; l’éclat dépend de la concentration de cette lumière. Chaque source de lumière vient former sur la membrane qui tapisse le fond de notre œil une image réduite, de telle sorte que si deux lumières envoyant à notre œil des quantités égales de rayons lumineux, sont telles que l’une de ces lumières ait une surface double de celle de l’autre, dans l’image qu’elle formera au fond de notre œil, les rayons seront moitié moins condensés, son éclat sera moitié moindre. Dans le langage ordinaire, on exprime qu’une lumière a un grand éclat, en disant qu’elle est éblouissante.

Dans l’éclairage artificiel, soit public soit privé, on doit rechercher le plus grand pouvoir éclairant, et fuir au contraire un trop grand éclat, qui fatigue l’œil. Voilà pourquoi on est dans l’habitude d’entourer les flammes des lampes d’un globe de verre dépoli qui, répartissant toute la lumière produite sur une plus grande surface, diminue l’éclat de la source sans changer son pouvoir éclairant. De cette façon, lorsque l’œil se porte involontairement vers elle, il se trouve peu ébloui, et conserve la faculté de voir facilement les objets moins éclairés.

Il est remarquable en effet que pour l’œil presque tout est une affaire de contraste. L’entrée d’une cave au moment d’y descendre nous paraît aussi noire que le