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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/235

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SCIENCES ET INDUSTRIE.

donne beaucoup de lumière. La dépense, à lumière égale, n’est que les 2/3 de celle de l’huile. Mais l’odeur incommode de cette huile essentielle et sa facilité d’inflammation rendent son usage presque impraticable dans l’intérieur des habitations. Il est au contraire très-avantageux pour l’éclairage extérieur, partout où le gaz ne peut être employé. Il convient parfaitement à l’éclairage des gares de chemins de fer, des boutiques de marchands forains, etc.

L’éclairage au gaz mérite aussi que nous fassions quelques remarques à son sujet.

Nous n’avons mis au tableau que les résultats relatifs à l’emploi du bec dit papillon, qui est en usage dans l’éclairage de la ville de Paris. Cela tient à ce que nous avions en vue de comparer la lumière électrique aux autres sources, surtout comme moyen d’éclairage public.

Nous devons dire que les nombres qui expriment la dépense de gaz pour produire une intensité lumineuse déterminée sont très-variables ; ils dépendent des dimensions du bec, de sa forme, de la manière dont la combustion se produit, de la pression du gaz, et enfin de la composition même du gaz, qui est éminemment variable. Avec un bec à double courant d’air duquel le gaz s’échappe par une série de petites ouvertures disposées circulairement, il faut en moyenne 12 litres de gaz pur par heure pour avoir l’intensité lumineuse égale à celle d’une bougie stéarique. Avec les becs dits papillons, usités dans les candélabres des rues de Paris, il n’y a pas de double courant d’air, la combustion est bien moins vive, et la dépense de gaz beaucoup plus grande.

La composition du gaz est elle-même très-variable suivant la nature des matières employées à sa fabrication.

Il résulte des expériences de divers observateurs que l’on peut ranger dans l’ordre suivant les diverses espèces de gaz d’après leur pouvoir éclairant :

1o Gaz de l’huile, près de cinq fois plus éclairant que le gaz de la houille ;
2o Gaz du suinter (matières grasses provenant du dégraissage des laines) ;
3o Gaz de la tourbe, trois fois plus éclairant que le gaz usité à Paris ;
4o Gaz du boghead (argile bitumineuse fortement imprégnée d’hydrogènes carbonés) ;
5o Gaz de la houille.

On voit que le gaz de la houille, qui est généralement employé, contient beaucoup moins de matières capables de fournir de la lumière dans leur combustion que les autres gaz que l’on a pu produire jusqu’ici avec les diverses matières mentionnées ci-dessus. Aussi a-t-on tenté de charger artificiellement le gaz de la houille de vapeurs de diverses huiles essentielles. Mais jusqu’ici, soit que les ré-